C’est souvent en janvier, février que l’on commence à réfléchir à notre summer trip. C’est souvent en janvier, février que l’on commence à caresser l’idée d’aventure.

2019 fut un millésime prestige dans l’histoire du PCR Gravier, 2020 sera forcément encore mieux !
Coronavirus : Hold my, fuck*ng, beer.

2020 a été une année chelou on vous cache rien. Mais il en faudra un peu plus pour réduire à néant notre envie d’aventure. Rien ne stop un castor assoiffé de grands espaces. Après pas mal de rebondissements, des problèmes d’organisation et autres douceurs liées à tout ce bordel, on se résout à voyager en France. Après tout on est le pays le plus visité au Monde, y’a peut être une raison …

La France est belle, le Sud c’est beau, les Alpes c’est haut alors zou, on signe. Pas besoin d’aller trop loin pour se casser les jambes et les rétines. Feu. La map sera la Traversée de la Provence, signé Tales on Tyres et bikepacking.com proof. C’est à dire que c’est balisé, c’est porn et on sait où on va.

Comme d’habitude, cette map nous est déconseillée par certains, “ouai c’est trop VTT”, “ouai c’est pas Gravel Bike France approved”, blablabla… Et comme d’habitude, ça nous motive encore plus de la faire, on est chaud (et entraîné) comme des merguez. L’itinéraire  commence pour nous à Embrun et serpente jusqu’aux Gorges du Verdon. On prévoit 6 jours pour boucler ce périple de 400 km. Loisir pour tous, on n’est pas là pour la perf’. On ajoute un jour pour rejoindre Vidauban pour un BBQ chez les parents de Julien. Loisir on a dit.

Pierre, Julien et Arthur seront les trois protagonistes de cette aventure un peu différente des autres. Différente car c’est la première fois que l’on part en si petit groupe. Va t’on descendre le chrono sous les 2h entre le réveil et le départ ? Spoiler Alert : non.
C’est donc à Embrun que tels des Powers Rangers on se rejoint. Julien de Vidauban, Pierre de son périple solo alpestre et Arthur depuis Paris. Après un repas Mexicain (allez savoir mais le Mexique va nous suivre), et 3/4 bières locales, dodo pour un lever aux aurores.

Le Parpaillon, monument du gravel Européen.

Dans un soucis de nostalgie pour Julien et Pierre, on commence par le Parpaillon. Ce col mythique, l’un des plus haut et long col gravel d’Europe culminant à 2700m. Nostalgie car le Parpaillon c’est un peu l’acte fondateur du PCR Gravier, back en 2015. On vous conseille d’ailleurs de lire ce fabuleux récit, haut en lol.

L’ascension est parfaite. Presque idéale. Un warm-up bitume histoire de se rendre compte que ouai nos vélos sont encore bien lourds et qu’il n’y a plus trop de pignon à gauche. Avant d’attaquer ce pourquoi on est là, le gravier, Pierre nous régale d’une pêche sauvage comme on en fait plus, dans la fontaine de la place du village (allez savoir ce que cette truite faisait là…). On a hésité à ramener ce beau poisson à 2700m pour une plancha en bon et due forme, mais on se contentera de nos yolos. Faut pas renier les basics.

 
Ce col est un des derniers témoins de ce que pouvait être un grand col alpin avant l’ère de l’automobile et du goudron. Full gravel, full plaisir. C’est avec le son des cloches des vaches et les marmottes que nous atteignons le sommet le sourire aux lèvres. On atteint les 2780m, on attend 15 minutes pour que 2 motards italiens prennent leur foutu selfie pour à notre tour immortaliser ce doux moment. On passe le tunnel à la frontale en pédalant au pas et on décide de manger sur la meilleure terrasse du coin selon castoradvisor.fr. La vue sera notée 11/10 et le repas 10/10. C’est un hold-up.

La descente du parpaillon c’est comme un spaghetti géant, on prendra 4500 photos tous les 25 mètres, génial. Ce col est mythique, on a l’impression d’être au Kirghizistan, même si on y est jamais allé, ça a l’air du même acabit. On est bien.

 
La soirée sera un superbe mélange d’émotions. Des images pleins la tête, une petite toilette de chat et des canettes dans l’Ubaye, une pizza sur une place en face d’un shop mexicain, décidément… , le premier campement sauvage, le premier dodo en tente, on y est, on est là. Covid : 0 – PCR Gravier 1.

La traversée de provence

On commence à avoir fait pas mal de traversées. Le Morvan, le Jura, les Vosges, l’Ardèche… Et comme d’habitude c’est super bien balisé, super bien desservi en terme de villages, de terrasses… On est bien. On vous avouera, en toute amitié, qu’on a parfois coupé la map. On apprend de nos erreurs et s’engager chargés dans un chemin impraticable à 25% sur 2 km, ça rebute. Par contre on aura toujours trouvé des alternatives coquino-porno-swag.

Les Terres Noires

À chaque trip sa carte postale. Le truc que tu vois en plein hiver derrière ton écran au bureau, l’image, l’endroit qui te fait dire “OK, c’est ça, on va là les bros”. Les Terres Noires sont vraiment ce qui nous a intrigué et donné envie. Imaginez un désert bosselé d’ardoise où tout est gris. Pire que dans Fifty Shade of Grey, on arrive même pas à voir où il faut passer et mettre ses roues. Le fun est total. Surtout quand pour la première fois on voit le panneau piste (de VTT) noire.

Danger. Brutalité. Avec nos gravel en pneus de 40/45/50, sacochés comme jamais on est au top du top. Franchement ça passe.
Un peu comme dans Interstellar, 4 heures dans les Terres Noires représentent 12 jours sur Terre. On ressort de là, épuisés mais proche de la plénitude, celle du cycliste qui s’est mis bien pendant des heures. Braap !

Gravel is the new enduro

“Ça passe vous croyez ?” La question que l’on s’est posée pas mal de fois durant ce voyage, plusieurs fois par jour. En montée et en descente, on peut vite perdre 3 heures (et 2 chevilles) à pousser dans un enfer de pierres coupantes, ou glissantes, au choix. Complètement sacochés, nos vélos ne sont pas des plus maniables. On va pas se mentir. On ne peut pas savoir en face d’un singletrack si on va se régaler ou en chier.

 
L’expérience de nos nombreux voyages commence à nous aider à prendre les bonnes décisions. Nous avons parfois préféré contourner un obstacle privilégiant la bonne humeur et le plaisir. Nous ne saurons jamais si ça passait, on se dit que non, au fond de nous on sait que non.

Par contre en arrivant en haut du parc d’enduro de Lure, on n’a pas hésité une seconde, la question a été vite répondu, on s’est regardé, on a pris une photo du panneau “Piste Enduro” et nous voilà dévalant singletrack et virages relevés en pleine forêt à balle, à faire pâlir les fans de DH. Nos vélos sont solides c’est à présent une certitude. Comme un contrôle technique annuel ils passent le test haut la main. Acier, titane et aluminium, même combat. Big up !

La douceur de l’été

Soleil, petits panachés en terrasse, baignades dans des eaux turquoises et bivouac. Le combo parfait. On aura réussi à se mettre bien à ce niveau là. Pas de pluie, pas d’orage, mais par contre des chaleurs intenses sur l’échelle de la chaleur. On remerciera grandement la Provence, ses villages et ses fontaines pour des pauses fraîcheurs salvatrices.

 
On est pas trop de la team hôtels, alors avoir dormi tous les soirs dans notre bonne vieille tente, ou tarp, c’est un gros kudos. Quel bonheur de dormir dans la pampa, si possible proche d’un cours d’eau pour se rincer, rafraîchir les canettes et poser sa pêche dans le plus grand des calmes. C’est pour ça qu’on aime l’aventure, et on aura jamais été déçu pendant cette semaine. Bon peut être une fois. Mais c’est passé sous silence. Tout ce qui se passe à Volonne reste à Volonne.

La Provence

Dans le midi, on peut compter 1000 paysages par jour. On a donc compté 1000 cassages de rétines par jour. La beauté des chemins, des cols, des routes, des lacs… A vélo c’est encore plus beau. D’un versant à un ‘autre, d’une crête à une autre. D’une DFCI à une autre.

Nous sommes passés des montagnes des Alpes aux plaines de champs de lavande, nous avons traversés des vignes, un camping nudiste et des lacs aux eaux turquoises. Nous sommes arrivés en plein milieu du département du Var bercés par le chant des cigales.
Pour résumer, la GTP passe haut la main le test PCR… Gravier. Comprendre que ça passe, mais ça gratte ! Faut pas être trop douillet sur quelques sections.

 

Finish

Nous avons donc rendez-vous à Vidauban chez les parents de Julien à la fin de notre 7ème étape. Julien n’était jamais rentré chez lui par ce chemin à travers la garrigue, un mix DFCI/GR. Pour lui les 15 derniers kilomètres ont été grisants bien plus que les 400 précédents. Le gravel rend vraiment le vélo plus intéressant que le vélo. Il vous permet de sortir des sentiers battus, pour des chemins mis de côté, le plus souvent oubliés.

Notre voyage à vélo s’achève dans la bonne humeur, on raconte notre périple, on trinque avec un bon rosé du Var bien frais, on mange des bonnes choses, on partage. La vie.

 
Bonus : On n’a rien cassé sur ce trip, uniquement nos rétines.


LA MAP



433 km
8000m D+
7 JOURS

Photos : Julien Sommier ~ Pierre Brunier ~ Arthur Feraud